Je lui ai répondu si une sortie commune est possible (selon nos disponibilités respectives) ce sera avec un grand plaisir!!

Un grand plaisir de lire un si joli texte! MerciCristaudeHauguernes a écrit :Bonjour à tous,
J'abonde ce sujet d'une anecdote personnelle ayant trait au caractère ectomycorhizien du bolet et des cèpes. Laquelle m'est revenue et ne me quitte plus depuis lecture du post...
Il y avait autrefois, dans notre bois, perché sur un promontoire, comme trônant au-dessus d'une grande courbe du chemin communal, un grand chêne, un énorme chêne, un chêne majestueux. Un de ces grands chênes têtards typiques des bois de la région de Bayonne, du Béarn et du Bas-Adour. Ce chêne était le joyau du bois, au faîte de sa gloire il pouvait produire des centaines de cèpes, têtes noires et cèpes d'été, à l'année. Tant et si bien qu'il n'était pas rare que plusieurs cueilleurs du voisinage s'y succédassent le même jour qui y remplissait leur panier. Cet arbre était connu de tous les environs. Un jour de 1984, durant les vacances d'été, en me penchant sous le fragon pour en déloger un magnifique aereus, je me souviens avoir levé les yeux et aperçu deux branches sèches sur la cime de l'arbre. Après une saison 1986 mirifique, le "grand chêne" est mort dans la fournaise et l'aridité des années 1989 et 1990, puis a été abattu par une tempête à l'automne 1993. Avant même la mort de l'arbre, toute production de cèpe avait brutalement cessé sur un rayon de 10 mètres autour du tronc...
Toute production... Pas tout à fait, jusqu'en 2010, chaque année j'ai pu trouver un bouquet de têtes noires sur le pourtour du cratère laissé béant par la chute du géant...
Cristau
cinq années au même endroit dans une décharge (M.costata conica) à cinquante centimètres prèsGronico a écrit :Oui très beau texte! Et si aereus avait grandi là en association avec des hêtres, abattus et que des épicéas avaient ensuite été plantés? On sait la propension à l'adaptation des champignons qui leur permet de survivre à des conditions bien difficiles. De plus, on sait l'importance de la mycorhise avec le frêne ou autre pour la morille par exemple, mais qui n'a jamais trouvé de morilles en plein milieu d'un chemin, sur un tas de terre... pour une pousse opportuniste et qui ne sera qu'annuelle.
Il semblerait que la morille ne soit pas mycorhisique. Voir l'étude de Philippe Clowez (SMF, tome 126).Gronico a écrit :Oui très beau texte! Et si aereus avait grandi là en association avec des hêtres, abattus et que des épicéas avaient ensuite été plantés? On sait la propension à l'adaptation des champignons qui leur permet de survivre à des conditions bien difficiles. De plus, on sait l'importance de la mycorhise avec le frêne ou autre pour la morille par exemple, mais qui n'a jamais trouvé de morilles en plein milieu d'un chemin, sur un tas de terre... pour une pousse opportuniste et qui ne sera qu'annuelle.
oui! il remet pratiquement toutes les autres études en cause (bon bouquin)JeanPierre a écrit :Il semblerait que la morille ne soit pas mycorhisique. Voir l'étude de Philippe Clowez (SMF, tome 126).Gronico a écrit :Oui très beau texte! Et si aereus avait grandi là en association avec des hêtres, abattus et que des épicéas avaient ensuite été plantés? On sait la propension à l'adaptation des champignons qui leur permet de survivre à des conditions bien difficiles. De plus, on sait l'importance de la mycorhise avec le frêne ou autre pour la morille par exemple, mais qui n'a jamais trouvé de morilles en plein milieu d'un chemin, sur un tas de terre... pour une pousse opportuniste et qui ne sera qu'annuelle.
Ben non elle ne l'est pas selon ma petite expérience; j'en trouve sur du mulch en pleine zone urbaine. Mais je pense qu'il s'agit d'une espèce entre-deux.JeanPierre a écrit : Il semblerait que la morille ne soit pas mycorhisique. Voir l'étude de Philippe Clowez (SMF, tome 126).
Bonjour,CristaudeHauguernes a écrit :Bonsoir à tous,
il nous faut aussi nous réjouir que la nature et les champignons qui nous entourent résistent parfois à la tentation moderne de tout vouloir expliquer et rationnaliser scientifiquement. Que la nature nous surprenne encore et suscite en nous l'émerveillement de la poésie, au sens antique de mystère. Après tout, nous ne savons pas grand-chose mais l'essentiel est dans la recherche, qu'elle soit une quête personnelle ou scientifique. À propos des aereus je me souviens d'un autre chêne mirifique dans un bois exceptionnel, ce chêne a dépéri en trois ans, il a produit encore quantité de noirauds à l'automne l'année de sa mort. L'année suivante, le chêne est tombé, il n'y a plus eu le moindre cèpe à cet endroit, pas même sous ses congénères proches de 3 à 4 mètres. Durant la maladie de l'arbre qui a duré trois ans, le mycélium a fructifié comme si de rien n'était, c'est donc qu'à un moment donné, on se trouverait à la frontière de la symbiose et du parasitisme, quelque part ?
Cristau
Je dirais entre la symbiose et les soins palliatifsCristaudeHauguernes a écrit :on se trouverait à la frontière de la symbiose et du parasitisme, quelque part ?
Cris
un bien beau texte Cristau , pour un amoureux de la nature , ces beaux et magnifiques chênes qu'on devrait prendre en photosCristaudeHauguernes a écrit :Bonjour à tous,
J'abonde ce sujet d'une anecdote personnelle ayant trait au caractère ectomycorhizien du bolet et des cèpes. Laquelle m'est revenue et ne me quitte plus depuis lecture du post...
Il y avait autrefois, dans notre bois, perché sur un promontoire, comme trônant au-dessus d'une grande courbe du chemin communal, un grand chêne, un énorme chêne, un chêne majestueux. Un de ces grands chênes têtards typiques des bois de la région de Bayonne, du Béarn et du Bas-Adour. Ce chêne était le joyau du bois, au faîte de sa gloire il pouvait produire des centaines de cèpes, têtes noires et cèpes d'été, à l'année. Tant et si bien qu'il n'était pas rare que plusieurs cueilleurs du voisinage s'y succédassent le même jour qui y remplissaient chacun leur panier. Cet arbre était connu de tous les environs. Un jour de 1984, durant les vacances d'été, en me penchant sous le fragon pour en déloger un magnifique aereus, je me souviens avoir levé les yeux et aperçu deux branches sèches sur la cime de l'arbre. Après une saison 1986 mirifique, le "grand chêne" est mort dans la fournaise et l'aridité des années 1989 et 1990, puis a été abattu par une tempête à l'automne 1993. Avant même la mort de l'arbre, toute production de cèpe avait brutalement cessé sur un rayon de 10 mètres autour du tronc...
Toute production... Pas tout à fait, jusqu'en 2010, chaque année j'ai pu trouver un bouquet de têtes noires sur le pourtour du cratère laissé béant par la chute du géant...
Cristau
Bonsoir Cristau,CristaudeHauguernes a écrit :Bonjour,
Je n'entendais rien provuer, le mystère me ravit souvent bien plus que les démonstrations scientifiques froides, du reste, surtout que lorsque ces dernières sont démenties par de nouvelles. Dans un partenariat entre deux êtres vivants tel que arbre et cèpe, lorsqu'à un moment donné de la relation, la santé de l'un se détériore de façon irrémédiable, je n'ai jamais dit que le mycélium du cèpe était la cause de ce dépérissement. Par contre, le fait que dans un même temps, le mycélium du cèpe associé à l'arbre fructifie comme si de rien n'était, ce que j'ai observé à maintes reprises dans les secteurs que je fréquente assidument, en ce qui me concerne, cela suffit à soulever des interrogations. Le cèpe n'est pas le tueur de l'arbre, mais lorsque celui-ci est attaqué par un parasite, pendant que l'autre agonise lui se porte très bien. Or il utilise les ressources de son hôte. Voilà, de mon point de vue, on est très loin de tout savoir. Et tant mieux...
Cristau