Il y a 3 mois environ, je reçois un mail de la fédération de chasse de mon département, qui me signale que L'équipe de production Shine France, cherche pour le concours Masterchef 2015, des cuisinier-chasseur amateur. Vus qu'en tant qu'épicurien, je me charge souvent des repas de chasse, un copain habitant Paris, m'inscrit ! ni une ni deux, 24h après je reçois un appel de Shine France qui me propose d' y participe et après 25 min au tel, j'accepte !
J'ai d'abord un rdv via skype avec 2 personnes de la prod où, ils ont la "politesse" de rester "caché". Bon, on est dans un jeu TV, et je me doute qu'ils ne veulent pas que je vois ce qu'ils notent ou leurs attitudes...
On me propose alors de passer, au mois de février une première séléction, au choix à : Lille, Nice, Toulouse, Marseille, Bordeaux, Nantes, Strasbourg, Paris.
Cherchez l'erreur, Lyon, 2 eme agglo de France, capitale de la gastronomie, noeud de transports : RIEN !
ça m'arrange pas trop, St-Etienne-Lyon, c'est 65 km....
Baste !
Je dois venir donc le 13/02, à Paris et on me dit de prendre un billet de retour "tard" : Je pense arriver la veille = 2 jours de congés. 10 jours avant, changement de programme : le casting a lieu le 14/02 ! Changement des billet, ma femme fait la gueule et j'annule bien sûr notre soirée en amoureux.
Baste !
Ils nous demandent de venir avec un plat froid (entrée, plat ou dessert au choix) et on aura sur place 15 min, pour le dresser. Il faut venir avec tout notre matériel. Je suis convoqué à 12H30 dans les salons d'un Novotel de banlieu.
L'épreuve commence pour moi à 16h, on passe par 5 et on fait déguster notre plat à un jury (pas le jury des étoilés... normal, on est 10 000 sur toute la France). Le niveau est de très faible à très élevé. Mon plat : un pressé de chevreuil sur son lit de barabans, j'ai joué la carte "terroir" à fond ! Il s'agit d'une épaule de chevreuil, désossée et découpée en lanière, confite dans de la graisse de canard. Je prends, des haricots, des pointes d'asperges, des lentilles, des navets boule d'or, que je fais cuire indépendamment, à "l'anglaise". Je fais aussi une poêlée de girolles. Je fais mariner tous les légumes dans de l'huile d'olive avec de l'ail, piment d’Espelette et autres aromates. Dans un moule (à cake), je dispose mes légumes par couches successives avec tout ce qui est "vert", puis le chevreuil, puis le "jaune". Je fais avec les os du chevreuil, un fond, que je fais réduire. Je l'assaisonne et rajoute de la gélatine. Je verse la gelée refroidie dans le moule à cake, jusqu’à niveau et je presse la tout avec une planche. 8 h au frais ! A coté, je récupère le jus de cuisson du chevreuil, j'enlève la graisse de canard et je fais avec une vinaigrette au jus de chevreuil. Je prends des pissenlits (barabans chez moi) (blancs et verts) que je mettrais dessous, en déco. J'en fais un deuxième, plus petit : c'est top bon !!!!


Sur la table, je démoule mon pressé : c'est superbe, mais je m'inquiète car malgré la glacière, il fait très chaud...
Je coupe une tranche et c'est le drame, tout s'écroule, c'est horrible !
Bref, je sors un plat bon mais horrible, j'ai honte par rapport à ce qu'on certain...


Le jury goute et me dit que c’est trop compliqué de faire tenir tous ces ingrédients mais que le goût y est et que la cuisson est parfaite. Suis fier !

On nous dit que certain pourraient être convoqué à une épreuve de rattrapage, la semaine d'après (faut être sacrément flexible) et que pour les autres, on les avertirait par tel, du résultat.
interview, questionnaire, paperasse, je rentre par le train de 19h.
3 jours plus tard, on me dit que je suis retenu, pour la grande épreuve, dite "grande cuisine", à Marseille, dans 3 semaines.
Idem, je dois préparé un plat froid, peu importe, je peux présenter le même. Je me dis, "tu vas leur montrer que tu ne fais pas 2 fois les même erreurs !" Je refais ma recette, mais ce coup-ci dans des emportes pièces carrés et ronds.
Voilà le résultat :
le carré

le rond

Je suis content.

Pour la suite, je vous mets le mail que j'ai envoyé à la production suite à l'épreuve de Marseille :
Bonjour,
Suite à mon passage a la grande cuisine a Marseille, j’avais plusieurs remarques et questions. Je vais d’abord vous faire part de mon ressentie sur cette « expérience »
A Paris :
Les déplacements, nourriture, hébergement sont à la charge du candidat.
J’ai signé une clause de confidentialité, « sur un coin de table », sans avoir la possibilité de lire en détail, cette dernière. Dire qu'un casting à Lyon, capital de la gastronomie n'est pas prévu...
A Marseille :
Déplacements et repas du 3 au soir à notre charge.
J’arrive à 18h30 au Novotel, l’accueil est sympathique. Un des candidats (que je nommerai A), rencontré dans le train, semble lui, être bien connu de la part de la production.
Je mets mon plat froid dans le camion frigorifique.
Aucune info n’est donnée sur le déroulement de l’épreuve du lendemain, si ce n’est le départ : 5h30….
Je vais diner avec le candidat A, et 3 autres candidats se joignent à nous (dont un que je nommerai B).
A et B, m’informe qu’il ont eu dû passer l’épreuve de rattrapage à Paris, sur un plat chaud.
Le lendemain, réveil à 4h30, petit déjeuner frugale à 5h, rdv dans le hall de l’hôtel 5h30.
Attente du bus jusqu'à 6h. 6h30, le bus démarre. 6h35, on arrive au Mucem. 7h15, on est autorisé à descendre du bus. Il fait frais, mais le soleil nous réchauffe et le vent est faible.
On nous informe qu’il y a 300 candidats, réparties en 3 groupes et que l’on est placé.
Nous récupérons nos glacières et première mauvaise surprise, tout est congelé (ma vinaigrette a « prise », ma salade est foutue). J’alerte la production qui me dit « pas de soucis, les juges en sont informés ».
Pour les prises de vue, nous sommes alignés de manière « militaire ». On attaque le tournage.
On nous informe que les téléphones doivent être coupés, que les photos et vidéos sont interdites, que l’on ne peut ni fumer, ni aller aux toilettes à notre guise et l’on nous parle de confiance réciproque….
Mais on nous promet un café bien chaud.
10h, on se place devant notre table (moi, rang 6 place 3). Nous trouvons dessous, des lingettes pour les mains (limite niveau hygiène !).
Autres prises de vues….
10H30, on commence le dressage de notre plat (congelé). Le vent se lève et le soleil disparait : les conditions deviennent difficile surtout que je n’avais pas prévu de cuisiner en extérieur.
A peine a-t-on commencé que ma voisine (que j’appellerai C) est filmée et interviewée.
10h55, Sandrine Quettier, nous annonce, qu’il reste 15 min. 5 min plus tard, nouvelle annonce pour 15 min.
Bref, 11h30, on a fini….
Des candidats derrière moi, on fait un travail remarquable, que j’assimile à de l’orfèvrerie.
L’équipe des commis arrive et commence la dégustation.
Les caméras sont appelées à leur demande mais comme par hasard, ils appellent la caméra lorsque celle-ci est déjà en train de les filmer. On assiste à un ballet bien orchestré !
Le commît arrive devant C, elle lui fait une véritable « leçon » sur les produits utilisés, de manière présomptueuse, du style « je vais vous expliquer pourquoi j’ai choisi cet ingrédient, vous devez pas le savoir, moi, c’est un peu mon métier. Il faut savoir que…. ». Je regarde ses chevilles, ça va. Le commis goute bien tout, il questionne, pas de commentaires et il passe à moi.
Mon « pressé de chevreuil sur son lit de pissenlit » est décortiqué. Il est composé de couches successives de haricots, de pointes d’asperges vertes, de lentilles verte du Puy, de chevreuil confit, de girolles, de navets, dans une gelée au gibier. Le tout sur des pissenlits blanc et verts avec une vinaigrettes au jus de chevreuil et parsemé de fleur de sel, 5 baies et graines de sésame.
Avec les vent, difficile de faire tenir le tout…
Il goute un petit bout de chevreuil, de navets, me dit ok et passe au candidat suivant.
2 min chrono. J’informe quand même via une excuse les conditions météo et le camion frigorifique congélateur. Il me répond « ah bon ? pas au courant ».
Le chef Yannick Deplech, goute certains plats, devant caméra (ceux qui avaient été filmés auparavant).
Je goute mon plat, a cause du froid, ça n’a aucun gout !
Je me déplace pour goûter les plats des « orfèvres » : c’est fabuleux ! Le plat de C est trop iodé et complètement décousu : on est dans le simple mais pas efficace.
Le plat de A est bon sans non plus monter au ciel, mais pas très beau.
Le plat de B est magnifique et très bon.
12h15, dégustation finie, on débarrasse et on a droit à du thé, pour nous réchauffer. Pas, de sucre mais c’est un détail car tout le monde ne peut être servi et comme j’ai froid, je me contente de ce que j’ai. Le vent est glacial, la poussière vole de partout.
13 h15, on nous amène des sacs avec des sandwichs à la salade de pomme de terre (je savais même pas que ça existait mais niveau bourratif, je suis servi !) avec 2 salades en barquette, une portion de fromage, un fruit. Heureusement que sous les tables avec les lingettes, il y avait quelques bouteilles d’eau et heureusement que l’on s’est rationné !
14h00, la grogne monte chez les candidats et la prod’ décide de nous faire rentrer dans la tente réservée aux valises, pendant que l’équipe du tournage, mange au plat chaud, assit dans une tente adjacente.
14h30, on nous annonce que 100 candidats vont partir. On nous propose des bouteilles d’eau.
Je fais partir des candidats encore en lice. A ma surprise, B est éliminé.
On nous dit que dans 10 min, on donne la liste des 30 sélectionnés.
Soudain, B qui était monté dans le bus est derrière moi et cherche un sac perdu…
Je perds de vue B.
15h30, on se remet à nos place.
Les candidats sélectionnés sont nommés un par un. C a ma grande surprise est retenu. Et soudain, le dernier sélectionné chez les rouge, est B…… Comment ça se fait ? Son métier de journaliste culinaire ? son blog ?
Je réfléchi, et je constate que 80% de ceux qui ont été filmés, sont retenus.
Je constate que 2/3 des retenus sont dans les rangées 1 à 3 et le 1/3 restant entre les rangées 4 à 6.
Aucun sélectionné au-delà de la rangée 7 !!!
Mieux, tous ceux qui sont retenus et avec qui j’ai discuté, ont fait le rattrapage !
Je remonte dans le bus, frustré avec un sentiment d’avoir été le dindon.
A la volé, je questionne la production sur le fait qu’aucun candidat reçu n’était au-delà du rang 6 (applaudissements nourris de la part du bus), on me répond « ah bon ? je vous jure que ce n’est pas fait exprès, du moins pas à ma connaissance ».
Moi, qui ai une formation scientifique et qui ai étudié les probabilités, c’est incroyable que ça se soit produit ! Je dirais même improbable.
Je rentre chez moi en me disant qu’on m’avait promis une « belle expérience », je n’ai eu que « l’expérience » !
J’ai passé du temps, des ingrédients, de l’argent pour faire honneur à cette émission, la réciproque n’a pas été vrai !
Je vois depuis plusieurs jours que dans les médias, des voies s’élèvent. Certaines choses dites, je les ai constaté, d’autres non (ça ne veut pas dire que c’est faux).
Aussi je vous demande de me faire passer une copie de la clause de confidentialité que j’ai signé, dans les plus brefs délais.
Je vous demande aussi de répondre à ces questions ?
1) y-avait-il un plan B en cas d’intempéries ?
2) Comment se fait-il que le hasard est si bien fait les choses ?
3) Pouvez vous me certifier que rien n’était joué d’avance ?
4) trouvez-vous que chaque candidat est été traité avec respect et reçu dans des conditions optimum ?
5) Avez-vous prévu un dédommagement, au regard de cette mascarade de concours ?
Il est clair que je ferais suivre cette conversation à l’ensemble des médias, réseaux sociaux, blogs et sites, qui ont donnés écho à cette sélection « truquée ».
Mon plat sur l’esthétique, à Paris, n’était pas au niveau, le goût si.
A Marseille, l’esthétique y était, mais pas le goût.
Je ne mérite pas ma sélection, je sais donc faire preuve de lucidité. Mais le sentiment que tout était joué, que je me suis déplacé, ai cuisiné, ai perdu des journées de travail, pour un concours joué d’avance, ça ne passe pas. C’est scandaleux et indigne d’une émission de télé. Soyez sûr que je vais demander des comptes et ne pas en rester là. Je vous recommande donc vivement de prendre en compte mon mail et que « faire le mort », ne ferait qu’accroitre ma détermination et mon sentiment d’avoir été un pigeon-figurant.
Dans l’attente de votre réponse et avec mes salutations distinguées.
nb : a notez que les candidats A et B étaient très sympa et n'y sont pour rien dans cette mascarade
J'ai eu pour seule réponse de leur part :
"Cher Monsieur,
Nous vous informons que, pour notamment des raisons de confidentialité, nous vous adressons, par voie postale, à l'adresse déclarée par vous, la copie de l'autorisation de diffusion que vous avez signée le 14 février 2015 dans le cadre de votre participation aux sélections du concours MASTERCHEF.
Nous vous remercions encore pour votre participation et vous prions de croire en l'expression de nos sentiments les plus distingués."
C'était il y a 15 jours, je n'ai toujours rien.
Inutile de dire que cela ne me convient pas !
J'ai donc réfléchis a des actions que je pourrais mener pour leur faire comprendre que je n'aime pas être pris pour un imbécile.
Voici ce que je vais faire : Je vais regarder cette émission, surtout les publicités. Je vais écrire à chacun des annonceurs, leur exprimant ma déception de voir leur marque associé à une image de mascarade.
Il faut comprendre que pour un annonceur, un courrier de mécontentement reçu, ça a un impact très fort. Facile de salir une image, difficile de la restaurer !
Ils vont comprendre.
Je réfléchis aussi à une procédure judiciaire.



























mon plat final, malgré, le vent, le froid et le mon plat congelé :

SVP ALLEZ SUR CE LIEN ET LIKER !
https://www.facebook.com/masterfake2015?fref=ts
Tout les participants racontent la même chose que moi...