Ce jour-là, je décide de rendre visite à ma petite vasière en bordure de l'Adour. Paré de guenilles discrètes, dans les tons "plantes vertes", je n'ai pris que mon appareil photo et décide, comme bien souvent, de "travailler" sans filet. A mon arrivée, un Chevalier gambette s'envole et se soustrait à ma vue. Un couple de Petits gravelots, résidents réguliers du site depuis mars de cette année, campent sur leur position, se contentant de pousser quelques cris d'inquiétude.
Aux trois quarts dissimulé dans l'ombre, je m'installe rapidement (et presque confortablement) sur une touffe de carex. Cerné, à ma gauche par un énorme bouquet d'Iris des marais, et à ma droite par une autre gerbe de carex, j'essaie tant bien que mal de me fondre dans le paysage. Les deux gravelots n'ont pas bougé. Ils surveillent l'intrus tout en vaquant à nouveau à leurs occupations, picorant ça et là quelques insectes, s'approchant parfois à moins de dix mètres.
C'est ensuite au tour de deux Chevaliers guignettes, puis d'un troisième de venir se poser sur la vasière. Bien que caméléonisé dans la verdure de la berge (tiens, ça pourrait presque faire une contrepèterie, ça), les nouveaux arrivants m'ont repéré dès qu'ils ont posé patte à terre. Round d'observation, allers et venues accompagnées de hochements de queues, le verdict tombe : je ne semble pour l'instant pas être considéré comme un danger imminent !
J'essaie de rester le plus immobile possible, seuls mes bras font office de leviers pour porter le viseur de l'appareil à mon oeil : inconvénient lorsque l'on a décidé de se passer de trépied ! Le calme revient mais il sera de courte durée. Deux des guignettes, dont l'un estimait sans doute que l'autre empiétait sur son territoire, vont m'offrir une rapide mais démonstrative scène de combat. L'affrontement débute par un face-à-face bruyant, ailes relevées, chacun avançant vers l'autre.
Le plus vindicatif bondit comme un ressort, surprenant son adversaire qui réfléchissait encore à la ruse qu'il allait employer pour se défaire de son rival.
Pivotant dans les airs sur 90 degré, il choisit l'attaque frontale en piqué !
Finalement les contacts sont évités de peu et l'assaillant se pose dans un dernier cri.
Captivé par la scène et concentré pour tenter de l'immortaliser, je n'ai pas vu qu'entre-temps le gambette est revenu se poser en bout de vasière. Petit à petit il va s'approcher...
...continuant lui aussi de tranquillement se nourrir...
...tout en n'oubliant pas de régulièrement évaluer le danger !
Ce seront donc bientôt deux gravelots, trois guignettes et un gambette qui évolueront en relative tranquillité dans mon proche environnement, ce dernier s'approchant même parfois à sept mètres du lieu où je suis posté ! C'était déjà une grande satisfaction de pouvoir se jouer de l'attention de la gent ailée lorsque l'on est camouflé derrière un filet, mais c'en est une autre que d'assister, totalement à découvert, à ces comportements, avec cette sensation irremplaçable d'avoir été invité, pour de longues minutes, à profiter des petits secrets de la vie animalière !
